La Société d’émulation de la Vendée, l’ICES (Institut catholique de Vendée) et la Commission diocésaine d’art sacré organisent un colloque les 28 et 29 novembre 2024 à l’ICES sur le thème « Les États généraux du patrimoine religieux en Vendée ».
« Qu’en faire ? » Devant une église menaçant ruine ou qui est tout simplement fermée au public, cette question désarmante arrive parfois aux lèvres des maires, des habitants qui sont aussi des contribuables, et même du clergé. Les plus découragés penseront que c’est trop cher, pas assez utilisé, finalement que rien n’oblige à s’y intéresser quand aucune protection au titre des monuments historiques n’y incite. Et pourtant ! L’émotion soulevée récemment par l’incendie de Notre-Dame de Paris invite à sortir des seuls raisonnements comptables – économiques et démographiques – car tout le patrimoine religieux partage peu ou prou la même force symbolique.
Une dévotion populaire, parfois non orthodoxe
C’est en effet un réel investissement populaire que l’on constate à l’échelle locale. Qu’une église soit ouverte, et des cierges y seront très souvent allumés ; même si les célébrations cultuelles y sont devenues rares, du monde passe, dépose des fleurs, de petits papiers, des statuettes, autant de signes d’une dévotion populaire qui peut même s’affranchir de toute orthodoxie. Plus largement, c’est l’intérêt pour le patrimoine « vivant » – hors des musées, donc immédiatement accessible – que traduisent ces passages continuels, alors que, depuis quelques années, les propositions culturelles attirent moins de public. Y trouverait-il quelque chose en plus ?
L’église, affirmation d’une collectivité
Reconnaissons-le : la « rurbanisation », les grands chantiers urbains ou au contraire le dépérissement de nombreux bourgs bouleversent le paysage. Les églises y demeurent pourtant des témoins d’une histoire longue. Dans les départements voisins, quelques démolisseurs s’en mordent les doigts : ils ont en fait touché au bien commun, à l’affirmation des communes qui exprimaient, en plus de leur foi, leur fierté. Or cette dernière demeure toujours sous-jacente.
Peintures, vitraux, orfèvrerie, cloches, orgues etc.
Ce colloque voudrait réunir tous ceux que concernent les questions relatives au patrimoine religieux. Prêtres et fidèles continuent à faire vivre ces édifices conformément à la vocation pour laquelle ils ont été conçus, même si leur nombre excède aujourd’hui les stricts besoins du culte. Aux maires et aux élus des communes à qui ils appartiennent, le colloque propose d’aborder des questions de fond et des aspects pratiques, en réunissant tous les acteurs institutionnels. Au grand public enfin, il entend faire mieux connaître les associations et les entreprises qui concourent à la mise en valeur de cette richesse commune. Il a aussi pour ambition de livrer un panorama inédit du patrimoine religieux de la Vendée, de son éclat et de sa profusion. Fruit des recherches d’une pléiade de chercheurs vendéens passionnés, un véritable état des lieux en sera dressé dans tous ses aspects, des églises au « petit patrimoine », du mobilier aux peintures, des vitraux à l’orfèvrerie, des cloches aux orgues, de la paramentique au patrimoine maritime et immatériel.
Des églises malmenées par l’Histoire
Il y a près de cinq siècles, alors que nombre de nos églises existaient déjà, deux événements majeurs ont profondément bouleversé l’appréhension du « patrimoine ». En 1562 tout particulièrement, la violence des guerres de religion s’en prit aux églises, y mutilant d’innombrables statues et laissant partout en France des façades aux nombreuses niches restées aujourd’hui encore béantes, vides de leurs saints. Par la suite et à son tour, le concile de Trente a invité à faire du tri dans les « images » et à abattre les jubés, ces grands murs très décorés qui masquaient le chœur aux fidèles, pour centrer leur attention sur la présence eucharistique. Depuis, il y a un demi-siècle, une nouvelle réforme liturgique d’ampleur au moins semblable, incita à rétablir un équilibre entre eucharistie, Parole de Dieu et assemblée des fidèles. La disposition de ces derniers est désormais pensée en cercle, mais contrainte par la réalité rectiligne des édifices existants…
Émergence de la notion de patrimoine
Entre temps est apparue la notion de patrimoine, qui accorde un autre regard aux lieux et aux objets. Ils ne dépendent plus de leur seule fonction cultuelle. L’émotion qu’ils suscitent n’est pas le fait des seules œuvres de grande qualité, loin de là. Immeubles ou meubles, ils témoignent de savoir-faire qui forcent l’admiration et invitent à la modestie. Ils ont aussi été et demeurent les repères familiers d’une vie locale où chacun peut aisément se reconnaître. Ils représentent un élément important d’identification de nos communes.
Des « Cendrillons de village »
De grandes voix s’élèvent régulièrement pour appeler leurs contemporains à prendre soin du « trésor national » que constitue le maillage unique et précieux de nos églises rurales, ces « Cendrillons de village ». Ainsi les appelait Maurice Barrès qui réunit autour de lui élus et hommes de l’art de tous bords pour enrayer « la grande pitié des églises de France » et ouvrir la voie à la loi de 1913 sur les monuments historiques.
À une semaine de la réouverture de la cathédrale de Paris, les États généraux du patrimoine religieux de la Vendée, en nous permettant d’approfondir notre connaissance de ce « bien commun », pourraient-ils nous faire prendre conscience que chacune de nos communes possède, à son échelle, une sorte d’équivalent de Notre-Dame de Paris ?
SAMEDI 30 NOVEMBRE – Luçon
Visite de la cathédrale et de l’évêché (réservée exclusivement aux inscrits des jours précédents)
Modalités de participation au colloque
Lieu : ICES (Institut catholique de Vendée), 17 bd Belges, 85000 la Roche-sur-Yon
Dates : les 28 et le 29 novembre 2024. 8h30- 18h00.
Participation gratuite uniquement sur réservation.
Inscription obligatoire avant le 12 novembre 2024, par email à accueil.eveche@diocese85.org,
ou par courrier à : Colloque Patrimoine religieux – Évêché de Luçon – 30 place du Général Leclerc – BP 219 – 85402 Luçon Cédex.