Journée d’étude 06/06/2015. Découvertes récentes de l’archéologie médiévale en Vendée

Cette journée d’étude, organisée à Maillezais le samedi 6 juin 2015 par Marie-Thérèse Réau et placée sous la présidence de Nicolas Prouteau, a permis de faire le point devant une petite centaine de personnes sur les découvertes archéologiques récentes d’églises, de châteaux-forts ou de bourgs disparus de Vendée.

Compte rendu par Guillaume Porcher

David JOUNEAU, Archeodunum : Le hameau du Bourg Bérard au Puy-du-Fou, un village disparu et un toponyme légendaire confirmés par une réalité archéologique

Il s’agit du résultat des fouilles qui ont précédé la première tranche des travaux liés à l’agrandissement du Parc du Puy-du-Fou (prévus de novembre 2015 au printemps 2016). Ces travaux ont révélé au lieu-dit du Bourg Bérard la présence d’un site protohistorique et celle d’un site médiéval-moderne. Si le premier site est daté, grâce à son mobilier, de la Tène moyenne à la Tène finale, c’est le second site qui retient davantage l’attention des archéologues.

Comme le toponyme du lieu le laissait deviner, les fouilles ont mis au jour un groupement de maisons autour d’une maison forte ainsi que des aménagements hydrauliques assez conséquents qui dateraient, malgré le peu de mobilier retrouvé, de la fin du XVe siècle et du siècle suivant. Les chercheurs présument que le Bourg Bérard semble bénéficier d’un statut juridique particulier lié probablement à sa situation topographique.

Dès le XVIIe siècle, le site est abandonné. Ce rapide abandon pourrait être lié au déclin de la seigneurie et à l’insalubrité des lieux, ce qui justifierait les nombreux drains et puits de décompressions découverts par les archéologues.

Teddy BETHUS, I.N.R.A.P., et Nicolas PROUTEAU, C.E.S.C.M : Le château de Talmont

Teddy Bethus s’est attaché à brosser une rapide synthèse de l’évolution du château de Talmont entre le XIe et le XVIe siècle. Site majeur dans la fortification des côtes bas-poitevines, le château connaît de régulières campagnes de fouilles archéologiques : fouilles préventives et fouilles programmées tous les étés depuis 2003.

Les archéologues pensent que la place forte de Talmont, caractérisée par une enceinte maçonnée, aurait pu contrôler un pont et un port dès le XIe siècle. Longtemps propriété des Plantagenêt, opposés aux Capétiens aux XIIe et XIIIe siècles, le château s’est au fil des siècles agrandi et fortifié, s’adaptant ainsi aux nouvelles méthodes militaires.

Nicolas Prouteau a effectué un récolement des sources médiévales de la forteresse, notamment aux Archives nationales de Londres qui conservent bon nombre de documents encore peu utilisés voire inédits.

La légende veut que ce soit Richard Cœur de Lion (comte du Poitou de 1181 à 1184) qui ait été à l’origine de la construction du château de Talmont. Or, les archives anglaises mettent en valeur le rôle de Savary de Mauléon dans la fortification du site pour lequel il a reçu d’importants subsides, à la fois pour Talmont mais aussi pour d’autres forteresses du Poitou et de l’Aquitaine.

Caroline CHAUVEAU, I.N.R.A.P. : Le château de La Garnache

Caroline Chauveau retrace pour nous la genèse et l’évolution du castrum de La Garnache du Xe au XIIIe siècle. Le but de la campagne des fouilles archéologiques qui s’est déroulée ici est double : savoir si une motte castrale a précédé le château et réaliser un plan topographique complet du site.

L’étude des céramiques, découvertes en petite quantité en particulier à la tour carrée du château, permet de les dater des XIIIe et XIVe siècles : cette donnée pourrait contredire les connaissances que l’on avait jusque-là du site, notamment sur la présence d’un seigneur dès le XIIe siècle.

Les fouilles de la motte castrale ont livré quant à elles un mobilier céramique s’étendant du Xe au XIIe siècle, mais aussi d’avant le Xe siècle. Sur ce site très riche, on a également découvert un site funéraire des VIe-VIIe siècles caractérisé par la présence de sarcophages en pierre et des perles en verre, ainsi qu’un bâtiment sur poteaux d’avant le Xe siècle, plus aussi un niveau charbonneux (préparation du sol par le moyen d’un incendie de broussailles).

 Les constructions de la motte et du fossé pourraient être comprises entre le Xe et le XIIe siècle mais bien des questions demeurent sur les aménagements liés à l’occupation des lieux. Un acquit toutefois : la tour carrée qui subsiste n’est pas le donjon du château.

Caroline CHAUVEAU, I.N.R.A.P. : Les fouilles de la cathédrale de Luçon

Les travaux de restauration dans le transept sud de la cathédrale de Luçon ont mis au jour des fragments de sarcophages après la dépose du sol en granite. Un sondage archéologique a donc été programmé dans le but d’identifier le potentiel funéraire, de caractériser les modes d’inhumation et de renseigner l’organisation des sépultures dans le transept.

Le résultat s’est révélé riche et les monuments découverts sont plus anciens qu’on ne l’aurait cru. L’occupation la plus ancienne est un antérieure à la fin du VIIe siècle, époque donnée comme celle de la fondation de l’abbaye par des moines de Noirmoutier. Il s’agit d’un bâtiment dont on ne connaît ni la fonction ni la datation. Ce bâtiment est perturbé par le creusement d’une sépulture en pleine terre au tournant des VIIe et VIIIe siècles que l’on pourrait peut-être rapprocher des sépultures découvertes dans le cloître au XIXe siècle.

Lorsque Notre-Dame devient cathédrale, une grande campagne de travaux est menée entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVIe siècle avec notamment la construction d’une crypte  à la fin du XVe siècle qui est néanmoins abandonnée un siècle plus tard.

Cette période est caractérisée par la découverte d’un cendrier liturgique, le seul clairement identifié comme tel en France, et par des tombes maçonnées du XVe-XVIIe siècles dans lesquelles des corps ont été moulés à la chaux liquide, ce qui a permis la conservation de linceuls en tissus, d’épingles et d’un chapelet de perles en os.

Au milieu du XVIIIe siècle, la restructuration du transept sud avec une nouvelle chapelle et l’installation d’un confessionnal est une preuve du changement d’affectation de cet espace liturgique.

Jean-Noël GRIFFISCH, archéologue au Conseil départemental : L’église de Foussais-Payré

Jean-Noël Griffisch nous livre les résultats du suivi archéologique réalisé avant la restauration de l’église Saint-Hilaire de Foussais en 2013. Il s’agit ici non pas de fouilles archéologiques mais bien d’un relevé archéologique après le décapage du sol de l’église.

Les résultats du relevé vont au-delà de toutes les espérances car ils mettent en lumière une partie des fondations de l’église romane. Aujourd’hui, seuls la façade et des contreforts attestent encore des origines romanes de l’église.

Au niveau du chœur, on a découvert plusieurs vestiges : un dallage ancien, une tombe qui pourrait être celle d’un prieur, ainsi que les fondations d’une possible chapelle voir même de l’église romane.  Dans la nef sud, on a relevé l’existence de plusieurs sépultures médiévales en coffre de pierre datées entre le XIe et le XVe siècle. Le décapage du sol a également mis au jour des trous de poteaux ayant pu servir aux échafaudages des dernières constructions de l’église ainsi qu’un probable four à cloche.

 L’église, mentionnée pour la première fois par des chartes en 1063, a été en partie reconstruite à l’époque du gothique flamboyant, c’est-à-dire à la fin du XVe et au début du XVIe siècle (piliers, arcs de décharge notamment).

Visites de l’après-midi

L’après-midi a débuté par la visite de l’abbaye de Maillezais où les fouilles depuis une quinzaine d’années ont renouvelé les connaissances que l’on avait jusque-là de l’occupation du site et du rôle tant spirituel que militaire de l’abbaye. Ces fouilles devraient être prochainement publiées. Guidée par Emmanuel Barbier (I.N.R.A.P.) et Jocelyn Martineau (D.R.A.C.), l’assistance, divisée en deux groupes, a pu ainsi arpenter sous un beau soleil les ruines romantiques des bords de la Jeune Autise.

L’après-midi s’est poursuivie à l’église de Foussais où Jean-Noël Griffisch a donné une interprétation des sculptures romanes ornant le portail d’entrée de l’édifice (du milieu du XIIe siècle) avant d’évoquer  l’histoire de sa construction. Il rend compte également de la mise au jour dans le chœur de l’église d’une peinture murale, en petite partie conservée, qui pourrait représenter une scène de chasse.

La journée s’est  terminée en l’église de Saint-Laurent-de-la-Salle dans laquelle ont été découvertes des peintures murales à l’occasion là encore de travaux de restauration. Christian Davy (Inventaire) les a fait parler de belle manière : celles du chœur sont aisément datables du XIXe siècle et celles de la nef, bien que partiellement conservées, sont données pour le début du XIIIe siècle.