Par Jean-Michel Leniaud, Directeur d’études émérite. École pratique des hautes études.
Les églises relèvent du domaine public des communes. Après la Séparation de 1905, beaucoup se crurent exonérées de leurs devoirs de propriétaire. Cent vingt ans plus tard, le patrimoine cultuel se trouve à bout de souffle et dérange. Incendies et actes de vandalisme se multiplient dans un silence général : les autorités civiles, judiciaires et diocésaines ne semblent pas prendre la mesure du problème.
Pourquoi financer l’entretien des églises ? Certains milieux, politiques ou non, évoquent des usages mixtes, voire exclusivement culturels. Ils tentent de remettre en cause par petites touches l’exclusivité de l’affectation cultuelle. La loi de Séparation en a pourtant garanti la protection aux seuls « fidèles ». En dépit du déficit actuel de prêtres, n’est-il pas temps pour les chrétiens de se faire les interprètes publics de cette inestimable richesse, un héritage de dix-sept siècles ? Celui-ci n’a-t-il pas formé le territoire, construit la société, cristallisé le patrimoine culturel et artistique du pays ?